*NOV 2020 San Pietro et Bizerte
2020-11-29Dans la préparation de notre voyage nous avions prévu, entre autres choses, de rencontrer de nouvelles cultures, de rencontrer des navigateurs qui comme nous ont tout lâché pour naviguer et voyager … La pandémie que nous vivons cette année a donné un tout autre visage à notre voyage. Quand nous arrivons dans un port nous rencontrons essentiellement le capitaine de port qui enregistre notre arrivée et nous aide à l’amarrage du bateau puis plus personne, car en général il n’y a pas d’autre voyageur en escale dans les ports. Dans les mouillages, c’est le désert absolu, nous sommes le seul bateau à jeter l’ancre dans des criques pour y passer la nuit. il est certes agréable de découvrir des endroits dont la beauté naturelle n’est pas entachée par les nuisances dues à la concentration humaine, mais tout de même. Quand nous nous promenons à terre, nous trouvons des villages complètement endormis avec des commerces fermés, des rues vidées de leurs passants et les quelques personnes que nous croisons sont toutes masquées et semblent vaquer à leurs activités afin de rentrer chez elles au plus tôt. Nous venons d’arriver à Bizerte en Tunisie pour y faire le plein des cuves de gas-oil qui sont vides. Nous comptions repartir aussitôt pour la Sicile, mais nous venons de changer d’avis. En effet, la marina est superbe, bien gardée jour et nuit, le capitaine de port très sympa et arrangeant. Après négociation, il nous a fait un bon tarif de gardiennage donc nous laisserons MR pendant deux mois sur place et nous venons de prendre un vol de retour vers Bordeaux pour le 18 décembre afin de passer Noël avec notre famille et nos amis. Puis, si le gouvernement argentin ouvre les portes du pays aux étrangers, nous prévoyons de nous y rendre pour y fêter la nouvelle année en famille et voir nos amis Argentins, sinon, seule Mercedes pourra s’y rendre. A notre retour en France nous devrions rester à Andernos jusqu’à début février puis revenir en Tunisie pour préparer MR et reprendre notre voyage.
Le Dimanche 22 le coup de vent est passé et de nouveau le soleil réchauffe l’atmosphère. Nous venons d’établir notre prochain itinéraire: Départ aujourd’hui de CarloForte nous ferons escale à 3 Mn de là, à CALASETTA, pour y faire un peu de GO car nous sommes à sec. Après ça nous irons jeter l’ancre dans la baie de PORTO PINO.
Il est 14h nous lâchons les amarres 30minutes plus tard nous contactons la capitainerie de CALASETTA pour nous ouvrir la station de Gas-oil. Nous remplissons 100L ainsi Richard est rassuré nous pouvons reprendre notre progression vers le sud de la Sardaigne en toute quiétude.
A 17h30 nous mouillons à PORTO PINO. Nous sommes bien abrités de la houle de NW qui est encore assez forte. Ici une grande plage de sable longe toute la baie pour se terminer par de petites dunes. Nous irons l’explorer demain.
Le lundi 23 il fait beau il n’y a pas de vent, nous prenons notre petit déjeuner toujours en terrasse en admirant un paysage superbe.
Puis nous mettons l’annexe à l’eau et partons visiter les lieux. Nous entrons dans un petit canal qui sert d’abri à quelques bateaux de pêche, l’ambiance y est sereine mais a l’exception de quelques marins pécheurs à l’entrée, l’endroit semble inhabité. Toutes les maisons sont closes ainsi que les deux ou trois commerces saisonniers. Il est vrai que nous approchons de l’hiver. Nous sommes en bordure d’une zone militaire, nous entendons bien les hélicoptères tourner.
En ressortant nous nous arrêtons à couple d’un petit chalutier sur lequel l’équipage trie sa pêche. Nous leur demandons ce qu’ils ont pêché et s’ils ne vendent pas de poisson. Ils nous répondent qu’aujourd’hui ils n’ont que du poulpe et acceptent de nous en vendre 1 kilo pour 10€.
De retour à bord de MR nous préparons ces poulpes frais pour les congeler. C’est la première fois que nous les manipulons encore vivants. C’est assez surprenant.
Richard s’est fait hisser par Mercedes en haut du mat pour remplacer un lazy-jack que nous avions cassé.
Vient enfin le moment de déguster un superbe poulpe pour déjeuner au cours duquel nous voyons encore approcher une vedette militaire, mais cette fois-ci ce n’est pas pour nous.
Nous irons quand même à leur rencontre pour nous tenir informés de l’activité de la zone. Bien nous en a pris car les hélicos tirent encore, nous entendons bien les rafales de canons. Nous repartons à la plage en annexe pour aller marcher un peu. C’est notre dernière escale en Sardaigne car nous avons décidé de quitter l’île pour nous rendre en Tunisie faire le plein de carburant. Là-bas le GO coute moins de 65cts/L au lieu de 1,61€/L et nous avons besoin de 900L. Je vous laisse faire les calculs. La fin d’après-midi est consacrée à la préparation du départ.
Il est 18h nous levons l’ancre en direction de Bizerte à 120Mn de là. Le temps est dégagé, le vent modéré nous pousse à 7kts puis tombe dans la nuit et nous faisons appel au Volvo pour continuer.
Le mardi 24 vers 5h du matin, Mer qui est de quart perçoit un souffle de vent. Elle coupe le moteur et renvoie de la toile d’avant. Voilà MR lancé à 6kts sans le bruit lancinant du moteur. La houle est encore là avec 1m60 de creux croisés. MR est balloté d’un coté à l’autre, c’est assez désagréable, jusqu’à que l’on empanne et là ce n’est que du plaisir.
Nous arrivons à Bizerte à 15h après avoir pris contact avec le capitaine du port MOHAMED-ALI qui est là pour nous accueillir.
Nous attendons car le poste est occupé par 2 grosses vedettes. Nous attendons notre tour puis nous remplissons nos cuves et nous nous préparons à passer la nuit avant de repartir vers la Sicile. Nous n’avons pas le droit de descendre à terre car nous ne respectons pas les règles sanitaires en vigueur.
Le mercredi 25 il fait très beau et la température est douce, comme à notre habitude nous petit-déjeunons dehors.
MR est amarré le long du quai principal, toutes les personnes qui passent nous saluent gentiment et nous souhaitent la bienvenue. Un couple de navigateurs français en escale dans la marina depuis quelques temps s’arrête pour échanger avec nous. Il est vrai qu’ils ne voient pas beaucoup de voyageurs car l’essentiel du trafic du port s’effectue autour de la pompe à carburant par des bateaux qui arrivent, remplissent et repartent en profitant du prix attractif. Nous leur posons de nombreuses questions sur l’endroit que nous aurions bien voulu visiter si les formalités sanitaires n’étaient pas aussi contraignantes et longues. Ils nous conseillent de tout négocier et nous confirment qu’ici la vie est très agréable, pas chère et surtout très animée. Cette rencontre a généré chez nous une réflexion approfondie, la marina nous plait, elle est bien surveillée par des gardes jour et nuit ainsi que par des caméras et le personnel est avenant avec nous. Nous négocions alors, avec le capitaine du port, un tarif d’hivernage pour MR. Nous avions prévu de nous rendre en Sicile pour hiverner, nous avions déjà un bon tarif mais là-bas il n’y a pas de vie, peu de commerces ouverts et pas de restaurants en raison de la situation sanitaire de l’île. Nous obtenons un prix pour parquer notre voilier qui est encore plus intéressant qu’en Italie.
Nous décidons alors de rester ici en Tunisie.
MOHAMED-ALI contacte alors un laboratoire pour nous faire passer le test PCR d’entrée dans le pays. S’il est négatif nous devrions être soumis à une quarantaine de 7 jours puis passer un deuxième test PCR. Que c’est lourd !!! MOHAMED-ALI nous conseille d’attendre le résultat ensuite il négociera avec l’autorité sanitaire pour alléger le protocole. Ce ne sera qu’avec un PCR négatif que passeront la douane et l’immigration pour terminer les formalités. Entre temps nous sommes consignés à bord de MR.
Le jeudi 26 MOAHMED-ALI passe au bateau pendant notre petit déjeuner pour nous annoncer que le résultat du PCR est négatif donc les représentants de la douane et de l’immigration passeront dans la journée.
Puis arrive le médecin de l’autorité sanitaire et là le capitaine négocie avec lui le tout dans un échange d’éclats de voix en arabe. Le médecin repart et le capitaine nous annonce que la quarantaine est réduite à 2 jours et que nous ne passerons un deuxième PCR que lorsque nous prendrons l’avions pour la France. Entre temps nous sommes toujours consignés à bord jusqu’à Samedi matin. Dans la journée nous remplissons les formalités douanières et d’immigration. Le soir nous invitons à diner le couple de français que nous avons rencontré la veille, ROSA-MARIA et MARC, nous passons ensemble une très bonne soirée (enfin un début de vie sociale).
Le vendredi 27 nous nous levons assez tard puis la journée s’écoule doucement, nous vaquons chacun à nos occupations. Dans l’après-midi nous achetons nos billets d’avion pour la France mais aussi pour l’Argentine. Il nous tarde d’être à demain pour récupérer le visa d’entrée dans le pays pour que nous puissions aller nous promener en ville.
Le samedi 28 enfin libres, le tampon tunisien orne nos passeports, nous pouvons dès à présent circuler librement en Tunisie, seule contrainte dans ce pays où COVID a peu frappé c’est le couvre-feu de 19h à 6h du matin. Ce n’est pas très gênant car il fait nuit à 17h30. Ce matin nous avons effectué notre première sortie en ville.
Nous avons commencé par le marché aux fruits et légumes. Il y a beaucoup de monde ça crie de toute part pour attirer le client. C’est impressionnant comme il est achalandé mais il n’y a que des fruits et légumes de saison.
Ensuite nous sommes passés au marché aux poissons, là aussi chaque vendeur crie pour attirer l’attention du chaland provoquant ainsi un brouhaha impressionnant sous la halle. Les étales sont belles, bien organisées les poissons semblent nous regarder tellement ils ont l’air frais. Il y a vraiment de tout, de la crevette à l’espadon en passant par toutes sortes de poissons d’eau de mer, mais il n’y a pas d’huitres !!!
Dehors les restaurants commencent à activer les barbecues, ça sent bon le poisson grillé que le client achète au marché et porte au restaurant pour se le faire préparer et le manger sur place. A 13h nous avons acheté deux poulpes et sommes allés dans un petit boui-boui à côté du marché qui nous les a grillé au barbecue et servis à table avec des salades typiquement tunisiennes (énormément relevées), soupe de poisson et des frites maison pour l’équivalent de 7€ pour tous les deux. Nous n’avons pas pu finir notre poulpe tellement il y en avait. Nous nous sommes fait emballer les restes et les avons emportés.
MER les cuisinera ce soir en préparant des pates avec un ragout de poulpe. Puis nous avons encore un peu flâné en ville avant de rejoindre MR sur la marina. Plus tard MER reprend le chemin de la ville pour continuer son exploration des souks et pâtisseries.
Prochainement Tunisie…par terre ou mer ?